Le regret dans la peau
Mais qu’est-ce qui vous a pris ce jour-là ?… Quelle mouche (tatoueur) vous a piqué ?
Vous vous posez souvent la question, à chaque fois que vous devinez cette ombre sur la peau, à chaque fois que vous vous dévoilez…
Et bien figurez-vous qu’il est possible d’effacer cette erreur de jeunesse qui ne correspond plus à ce que vous êtes aujourd’hui !
Les consultations en détatouage sont toujours riches en émotion, en gêne mais aussi en franche rigolade. Il faut dire que j’en ai vu passer des « je t’aime Rico », « Until I foll », « de battre mon cœur s’est arréter ». J’ai vu aussi des … des … c’était censé représenter quoi en fait ? Bref, il y a autant de raisons de regretter que de patients que je rencontre.
Mais il n’y a pas mort d’homme et même si le sentiment de honte qui découle de ce regret entraine parfois une grande souffrance, il faut savoir prendre du recul, apaiser les esprits afin d’opter pour la meilleure solution.
Il y a plusieurs types de tatouage, et chacun de ces types de tatouage présentera plus ou moins de difficultés au détatouage :
- Les tatouages professionnels (les tatoueurs sont aujourd’hui des artisans reconnus et formés à l’hygiène)
- Les tatouages amateurs (celui qu’on fait entre potes, avec une aiguille de compas et de l’encre de chine)
- Les tatouages cosmétiques (sourcils, eye-liner, ras de cil)
- Les tatouages rituels (répandus en Afrique sub-sharienne et Maghreb notamment)
- Les tatouages accidentels (l’asphalte inclue sous la peau après une chute à vélo, ou de l’encre de stylo Bic)
- Les tatouages réalisés médicalement pour un marquage de radiothérapie
La composition des encres dépend du pays de provenance. La législation qui entoure la fabrication des encres est effectivement différente selon les pays. Quoiqu’il en soit, l’encre reste un mélange de pigments (minéraux, industriels, végétaux, plastiques…) et de véhicules (eau, alcool, listérine, propylène glycol…). Après, il faut comprendre qu’une couleur ne correspond pas à un seul pigment. Une même couleur peut être obtenue avec différents pigments, sels minéraux ou métalliques. Un tatouage noir peut être obtenu par inoculation de carbone, un rouge avec du sulfure de mercure ou du bois de santal, un tatouage vert à base de chrome ou de cuivré, etc.
Le temps passant, des tas de raisons poussent les gens à regretter leur tatouage. Un changement de statut social, un changement de travail, de partenaire, la pression familiale, un changement de goût tout simplement, de point de vue, de mode, etc… On considère au final qu’au moins 10% des tatoués désireront un jour retirer leur tatouage. Sans compter ceux qui souhaite modifier leur tatouage, détatouer pour ajouter un cover etc…
Il s’agit donc d’un vrai challenge que les technologies émergentes se doivent de relever. La demande est forte, l’exigence des patients (pas très patients !) aussi. On en a vu donc défiler des techniques depuis la nuit des temps. D’abord l’électrocautérisation (brûler le tatouage en somme), le peeling au TCA fort (c’est une brûlure aussi, mais chimique), l’exérèse par chirurgie (si le tatouage était large, on faisait une greffe de peau), la dermabrasion mécanique avec une ponceuse ou un laser CO2 (toujours pareil, on obtient une cicatrice à la place du tatouage, il y a des gens qui préfèrent), jusqu’à l’apparition des lasers pigmentaires en 1995 (laser Q switched).
Les lasers pigmentaires se sont améliorés en 2014 avec l’avènement du laser « pico » qui a changé le visage du détatouage. Il bénéficie d’une meilleure efficacité, d’une meilleure tolérance et permet des séances plus rapprochées. Le temps de détatouage s’en trouve raccourci puisqu’il est parfois finalisé en moins d’un an, les cicatrices sont moins fréquentes et les patients sont plus satisfaits. Ca tombe bien, le profil du patient tatoué a changé lui aussi, il est plus exigeant et de plus en plus pressé !